Michel R. Campbell Ph.D.

Membre de l’Ordre des psychologues du Québec

La personnalité narcissique

Le nom donné à ce trouble de la personnalité prend son origine dans l'histoire d'un personnage de la mythologie grecque. Narcisse, un individu prétentieux, était célèbre pour sa beauté, et fut l'objet de passion d'un grand nombre d'adoratrices, dont la nymphe Écho. Il était tellement indifférent à ses admiratrices, dit-on, qu'elles demandèrent vengeance à la déesse Némésis. Ainsi, un bon jour, alors que Narcisse se serait penché pour boire de l'eau dans une fontaine, il fut foudroyé et séduit par sa propre image reflétée dans l'eau, si bien qu'il se laissa mourir de langueur dans cette contemplation de lui-même.

Le narcissisme

Ce genre de difficulté est caractérisé par un sentiment de supériorité, associé à une hypersensibilité au jugement des autres. En effet, les narcissiques sont très susceptibles. En général, ils manquent d'empathie, ou si vous préférez, ils ont de la difficulté à se mettre dans la peau des autres. De plus, ils ont tendance à se surestimer, si bien qu'ils s'attendent à être reconnus comme «exceptionnels». Par conséquent, l'opinion de soi est tellement élevée, qu'ils ont l'impression que le commun des mortels est incapable de les comprendre.

La critique

Les narcissiques réagissent vivement aux personnes qui les critiquent. Dans le cas de Stéphane, il réagissait par la rage et il provoquait les personnes en les invitant à se battre. Il a décidé de consulter après qu'il eut battu son épouse.

Les relations interpersonnelles

Les narcissiques ont également tendance à exploiter les autres, ou encore, à les utiliser à leurs avantages. Les relations interpersonnelles sont souvent difficiles, car ils ont tendance à être envieux et jaloux de ceux qui sont plus fortunés ou qui ont plus de succès qu'eux. «Ça me fait mal quand je constate que ses affaires vont bien», m'expliquait Stéphane. De plus, il avait beaucoup de difficulté à comprendre sa copine qui ne pouvait l'accompagner à une soirée : «Elle est chanceuse que je lui ai demandé de sortir. La prochaine fois, je vais demander à quelqu'un d'autre», me disait-il, outré et insensible au fait que sa copine était malade.

Ils ont donc tendance à croire que les choses leur sont dues, et s'attendent à un traitement de faveur. Dans les relations amoureuses, ils utilisent l'autre pour se mettre en valeur, ou encore, ils s'attendent à ce que l'autre les monte sur un piédestal. La plupart du temps, ils choisissent leurs amis en fonction des bénéfices possibles.

Les préoccupations

Les narcissiques sont souvent absorbés par des fantaisies de succès illimitées. Par exemple, Stéphane passait beaucoup de temps à penser à ce qu'il allait faire de ses millions. Tout le monde le croyait riche, alors qu'il n'avait pas le sou. Il était toujours sur le point de s'acheter une discothèque ou une boutique, ou encore, de se présenter aux élections provinciales. Il était absorbé par le pouvoir et la domination.

Aussi, Stéphane était obsédé par l'apparence de sa conjointe. Elle devait être «sexy» et adulée par les hommes. D'ailleurs, elle n'était jamais à la hauteur de ses attentes. Stéphane avait l'impression que plus les personnes admiraient sa conjointe, plus il prenait de l'importance à leurs yeux.

Les conséquences

Il va sans dire qu'il est difficile d'être si prétentieux ou imbus de soi sans avoir des difficultés d'adaptation. Les échecs et les critiques sont particulièrement mal vécus par les narcissiques. Les difficultés interpersonnelles, sociales et professionnelles sont inévitables, et ils finissent par être rejetés par tout le monde.

L'aide psychologique

Les cliniciens se sont toujours heurtés à la difficulté de traiter les troubles de la personnalité. Jusqu'à tout récemment, les thérapies psychodynamiques étaient les seules à relever le défi. Récemment, l'approche thérapeutique cognitive a également relevé le défi en proposant un modèle basé sur la modification des schémas. Ces derniers sont à la base des déformations cognitives «ou des impressions» et des comportements dysfonctionnels «ou des réactions» de l'individu. Ainsi, des stratégies d'intervention permettent d'identifier les schémas, la plupart du temps acquis durant l'enfance et cultivé tout au cours de la vie, qui sont à la source du trouble, et de les modifier.

Liens suggérés :

Bibliographie :

  • American Psychiatric association, DSM-IV, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Traduction française, Paris, Masson, 1996.
  • Beck, J.S., Cognitive Therapy of personnality Disorders in P. M. Salkovskis, Frontiers of Cognitive Therapy, Guilford Press, 1996.
  • Cottraux, J. et Blackburn, I.M.. Thérapies cognitives des troubles de la personnalité. Masson, 1995.
  • Cousineau, P., L'approche cognitive et les troubles de la personnalité dans la Revue québécoise de psychologie, vol. 16, no 2, 1995.
  • McGinn, L.K. and Young, J.E., Schema-Focused Therapy in P. M. Salkovskis, Frontiers of Cognitive Therapy, Guilford Press, 1996.
  • Stein, D.J., Young J.E., Schema Approach to Personnality Disorders, dans D.J. Stein, J.E. Young, Cognitive Science and Clinical Disorders, Academic press, 1992.
  • ***Young, J.E. et Klosko, J.S., Je réinvente ma vie, Les Éditions de l'Homme, 1995 (version anglaise 1993).

Préparé par le Dr Michel R. Campbell, psychologue et sexologue

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N.B. Le but de cet article est d'informer le lecteur concernant les caractéristiques associées à une maladie mentale. Seulement un professionnel de la santé qualifié peut évaluer ce genre de maladie.

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