Michel R. Campbell Ph.D.

Membre de l’Ordre des psychologues du Québec

L'asphyxiophilie

L'asphyxie auto-érotique est une pratique sexuelle qui consiste à se priver d'oxygène lors de la stimulation sexuelle afin d'augmenter la sensation orgastique. L'asphyxie érotique est également pratiquée par des couples dans un contexte sadomasochiste. Les activités de strangulation ou de pendaison factices sont les plus fréquemment utilisées pour causer l'asphyxie. Ainsi, l'asphyxiophilie est une maladie psychosexuelle qui consiste en un besoin récurrent et persistant d'être privé d'oxygène pour apprécier l'expérience orgastique. Dans certains milieux underground, ce comportement sexuel est mieux connu sous le non de « scarfing » ou du « headrushing ».

Une activité sexuelle dangereuse

Inutile de dire que ce type de déviation sexuelle est dangereux puisqu'il peut entraîner la mort. Aux États-Unis, par exemple, il est estimé que plus 1500 personnes par année meurent suite à des activités d'asphyxie sexuelle. Près du tiers des personnes décédées sont des adolescents. À cet effet, une étude menée au Minnesota par les Drs Sheehan et Garfinkel, échelonnée sur une période de 10 ans, a révélé que l'asphyxie auto-érotique était reliée à 31 % des cas d'adolescents décédés par pendaison.

Le cas de Luc

Les parents de Luc m'ont consulté pour mieux comprendre les causes du décès de leur fils. Luc, un adolescent âgé de seize ans, pratiquait régulièrement, semble-t-il, l'asphyxie sexuelle lors de ses séances de masturbation. Sa mère m'expliquait qu'il lui arrivait régulièrement de trouver du papier cellophane sous son lit, sans trop se questionner sur l'usage qu'il en faisait.

Un jour, elle est entrée dans la chambre de son fils pour s'apercevoir qu'il était enroulé sans vie dans du papier cellophane. Le médecin légiste a déterminé que le décès de Luc avait été causé par l'asphyxie. Cependant, une expertise plus poussée a permis d'identifier du sperme séché autour de ses parties génitales. Luc était très probablement un asphyxophile. Dans bien des cas, l'asphyxophile est victime d'un accident ou d'une erreur de planification qui s'avère fatal.

Les interventions

Les interventions éducatives ont permis aux parents de mieux comprendre le genre de difficulté qu'éprouvait leur fils Luc, mais surtout, elles ont permis, à leur grand étonnement, d'aider leur fils Jason, lequel était aux prises avec le même problème.

Jason, âgé de 14 ans, avait été évidemment marqué par le décès de son frère Luc. Ses parents m'avaient préalablement dit qu'ils étaient de grands complices. Ainsi, ils croyaient que les consultations psychologiques pourraient l'aider à accepter la mort accidentelle de son frère. Il faut dire qu'ils ne lui avaient pas expliqué la cause du décès de son frère, ne sachant pas quoi lui dire ou comment lui expliquer, d'où le but des consultations psychologiques.

Le pot-aux-roses

Durant les consultations, Jason m'a demandé de lui expliquer de quoi était décédé son frère. Ce qui fut fait. Après quelques séances, Jason m'a dévoilé qu'il avait le même problème que son frère, un comportement compulsif de se masturber dans un scénario d'asphyxie. En effet, les deux frères avaient trouvé dans une vieille boîte un livre intitulé « Justine » du Marquis de Sade. L'histoire décrivait une scène où Thérèse aide son ami Roland à atteindre un orgasme par la pendaison. Ils ont compris que la suffocation pouvait augmenter la sensation orgastique. Par la suite, ils ont donc développé un intérêt partagé pour des activités d'asphyxiophilie.

Le traitement

Selon le Dr Haydn-Smith du Maudsley Hospital à Londres en Angleterre, l'asphyxiophilie s'acquiert surtout par des principes de conditionnement, comme dans le cas d'autres paraphilies telles le travestisme, le masochisme, le sadisme, etc. Il est recommandé d'utiliser des techniques de contre-conditionnement pour atténuer le désir compulsif souvent associé à ce genre de paraphilies. Dans certains cas, une médication appropriée, comme un antidépresseur ou du sel de lithium, est également prescrite lors du traitement psychologique. La masturbation est une activité sexuelle saine, mais l'asphyxie sexuelle est un jeu dangereux !

Lectures suggérées :

  • Money, J. Waiwright, G., Hingsburger, D.. The Breathless Orgasm: A Lovemap Biography of Asphyxiophilia. Buffalo, New York: Prometheus Books, 1991.

Site suggéré :

Préparé par le Dr Michel R. Campbell, psychologue et sexologue

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