Michel R. Campbell Ph.D.

Membre de l’Ordre des psychologues du Québec

La boulimie

Une jeune femme d'environ 25 ans se présente à mon bureau en me disant : «Je pense que j'ai un problème». «Raconte-moi ce qui ne va pas», lui dis-je. «Hier soir, j'ai mangé dix sandwiches au beurre d'arachide, une douzaine de beignets et un sac de biscuits», me dit-elle en sanglotant. Voilà ce à quoi peut ressembler un problème de boulimie.

La prévalence

Les études faites parmi les jeunes étudiants indiquent qu'environ 4 % des filles rapportent avoir un problème de boulimie. Le problème est quatre fois moins important chez les garçons. La boulimie est souvent une variante de l'anorexie mentale, c'est-à-dire la peur extrême de prendre du poids ou de devenir gros, si bien que la personne cesse de manger. Environ 7 % des anorexiques meurent de ce désordre alimentaire. Vous vous souviendrez de la tragique histoire de Karen Carpenter, du célèbre groupe The Carpenter's. Karen est décédée des conséquences de l'anorexie.

Les symptômes

Les caractéristiques de la boulimie consistent en des épisodes répétés de frénésie alimentaire, c'est-à-dire une consommation alimentaire importante en peu de temps. Certaines personnes peuvent consommer jusqu'à 20,000 calories en l'espace d'une heure. Les personnes ayant ce problème ont vraiment l'impression de perdre le contrôle. La plupart du temps, après la période de gavage alimentaire, elles se feront vomir. Certaines utilisent des laxatifs ou des diurétiques pour se purger et perdre du poids. Elles auront donc tendance à jeûner ou à suivre une diète très stricte et à faire des exercices de manière compulsive afin de perdre du poids. En fait, elles ont la phobie de devenir grosse ou l'obsession de perdre du poids.

Pour poser un diagnostic de boulimie le problème doit être récurrent. Ce désordre alimentaire commence habituellement à l'adolescence et il a tendance à devenir chronique et causer de sérieux déséquilibres de fluides, d'électrolytes, d'hormones ainsi que des problèmes dentaires.

Le profil affectif

Les boulimiques ressemblent souvent à monsieur ou madame tout le monde : taille moyenne et poids moyen. Par contre, ils ont tendance à être perfectionnistes. Ils réussissent généralement bien dans ce qu'ils entreprennent. Par contre, l'estime de soi est faible et ils ont tendance à se voir comme inadéquats ou incompétents. Ils ont également tendance à s'auto-critiquer sans nuance, si bien qu'ils sont enclins à vivre de l'anxiété et la dépression. Ils se sentent souvent seuls et vivent des difficultés familiales ou interpersonnelles ainsi que des problèmes de dépendance affective.

Le dépistage

La plupart du temps, ce sont les amis ou des membres de la famille qui découvrent qu'une personne est boulimique. Après un repas, le boulimique aura tendance à se diriger vers la salle de toilette pour se faire vomir. Ils ont également tendance à sauter des repas. Les frénésies alimentaires se présentent généralement à l'extérieur des heures de repas. Leur poids a tendance à fluctuer de plus de 10 %. Ils ont tendance à devenir irritables et à s'isoler. Ils sont défensifs surtout lorsqu'ils sont interrogés sur leurs habitudes alimentaires. Ils se font vomir en moyenne 10 fois par semaine. Évidemment, ces personnes sont extrêmement préoccupées par leur apparence physique.

Comment aider les boulimiques

Il n'est pas facile d'aider les boulimiques parce que plusieurs d'entre eux nient qu'ils ont un problème. Toutefois, si vous croyez que votre amie a un problème de boulimie, dites-lui que vous êtes inquiète et préoccupée par ses habitudes alimentaires. Créez un climat qui favorisera les confidences et la relation d'aide. Évitez de la juger. Encouragez-la à consulter un professionnel ou à participer à un groupe d'entraide.

En psychothérapie, les interventions focaliseront sur les bonnes habitudes alimentaires et la bonne condition physique. Plusieurs thèmes thérapeutiques seront abordés : les conflits familiaux, les mécanismes passifs-agressifs et la rébellion contre les figures d'autorité, les peurs sexuelles, les pensées irrationnelles par rapport aux habitudes alimentaires, l'estime de soi, le perfectionnisme, la compétence de soi, l'affirmation de soi et les problèmes de dépendance affective.

Préparé par le Dr Michel R. Campbell, psychologue et sexologue

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