Michel R. Campbell Ph.D.

Membre de l’Ordre des psychologues du Québec

Le conflit conjugal

Il est estimé qu'environ 42 % des personnes qui consultent pour un problème psychologique rapportent aussi des problèmes conjugaux. À cet effet, les chercheurs indiquent que près de 50 % des premières admissions dans des hôpitaux psychiatriques semblent être précipitées par le stress dû aux relations de couple.

Comme je l'ai déjà mentionné, il a un lien étroit entre la relation de couple épanouissante et le bonheur personnel. Par contre, le contraire est également vrai, le conflit conjugal est étroitement relié désarroi personnel.

La dispute

François me racontait qu'il se chicanait toujours avec sa conjointe. «Pourtant, je l'aime», me disait-il sans l'ombre d'un doute. «Le pire, c'est que c'est toujours pour des niaiseries, des imbécillités». En effet, la plupart des couples qui ont fréquemment des polémiques me rapportent qu'ils ont soit oublié les raisons du conflit ou qu'ils sont gênés de me dire pourquoi ils se sont disputés, car c'est un peu anodin. En fait, la plupart des polémiques sont sur l'argent, les enfants, les tâches ménagères, la belle famille, le sexe et la jalousie.

La plupart du temps, les conflits conjugaux sont reliés à deux raisons principales : la personne croit qu'elle ne reçoit pas suffisamment de support, d'appréciation, de compréhension, d'amour, ou encore, les émotions refoulées ont pour effet d'amplifier l'insatisfaction, «la goutte qui fait déborder le vase», souvent reliée à une cause relativement banale.

L'analyse du conflit

En thérapie conjugale, il m'arrive régulièrement d'analyser, avec la complicité du couple, ce qui est à la base des conflits. Par exemple, dans le cas de Ginette et François, Ginette avait l'impression que François ne reconnaissait pas le travail qu'elle faisait relativement à l'encadrement scolaire et éducatif des enfants. Cette frustration refoulée, en partie inconsciemment, faisait en sorte qu'elle était hypersensible ou à fleur de peau. Un soir, François est arrivé du travail avec dix minutes de retard. «Elle m'a engueulé comme du poisson pourri», me dit-il. Inutile de vous dire qu'il était furieux. Même si François s'organisait pour arriver à l'heure à tous les soirs, la moindre erreur de sa part aurait probablement produit une réaction intempérante de sa conjointe.

La tension conjugale

Dans le cas de ce couple, le seul moyen de réduire la tension conjugale était de conscientiser, de part et d'autre, les besoins de Ginette, entre autres, une certaine reconnaissance pour tout ce qu'elle faisait pour les enfants et la famille. Plutôt que de focaliser sur ce qui avait fait exploser Ginette, en l'occurrence le retard de François, j'ai demandé au couple de dialoguer en mettant l'accent sur les besoins de Ginette. Ainsi, François devait aider Ginette à identifier ses besoins non comblés. Je savais, du moins en théorie, qu'en comblant les besoins de Ginette, la tension baisserait d'un cran. Tel fut le cas.

La prise de conscience

Durant ce processus de réflexion et d'introspection, «regarder ce qui ce passe à l'intérieur de soi», Ginette a réalisé que durant son enfance, elle avait toujours eu l'impression qu'on ne l'avait pas appréciée à sa juste valeur. Ainsi, elle a pris conscience qu'une partie de son problème était due à son enfance. Par ailleurs, le couple a réalisé que l'autre partie du problème était reliée à la dynamique conjugale. D'une part, la difficulté à identifier les besoins de chacun et, d'autre part, l'inhabilité à communiquer ses besoins. De plus, François et Ginette ont appris à focaliser sur les besoins plutôt que de contre-attaquer tout en essayant de se défendre. Conséquemment, ils se disputaient moins et ils avaient plus de temps pour s'aimer.

Quelques commentaires

Évidemment, il y a des conflits dans tous les couples. L'objectif de la thérapie conjugale n'est pas d'arriver à ne plus avoir de conflits, mais plutôt de réduire l'intensité et la fréquence des conflits. Par ailleurs, le conflit peut être conceptualisé comme un moyen pour mieux se connaître, tout en identifiant ses besoins ou carences. Ainsi, le conflit peut être destructif, mais il peut également être constructif et favoriser l'épanouissement de chacun. L'important, c'est de chercher des solutions.

Livres recommandés :

  • Boisvert, J. M. et Beaudry, M. S'affirmer et communiquer. Éditions de l'homme, 1995.
  • Wright, J. La survie du couple. Éditions Le jour, 1995.

Préparé par le Dr Michel R. Campbell, psychologue et sexologue

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