Michel R. Campbell Ph.D.

Membre de l’Ordre des psychologues du Québec

Les délires

S'il y a un problème complexe en psychologie, c'est bien celui des idées délirantes. Le terme délire vient du mot latin délirium qui veut dire « sortir du sillon ». En effet, lorsqu'une personne a des idées délirantes, elle sort du sillon de la réalité pour glisser vers des idées irréelles ou non soutenues par la réalité. Il s'agit donc de croyances erronées, fermement soutenues par l'individu, et cela, même si des preuves incontestables lui confirment le contraire. Ainsi, la conscience de la personne est perturbée au point où ses perceptions sont significativement altérées.

Les causes

Les délires peuvent être la conséquence d'un problème médical spécifique comme l'épilepsie, une infection quelconque, un traumatisme au cerveau, etc. Dans certains cas, les délires sont dus à une intoxication liée à l'utilisation de médicaments ou à la consommation excessive d'alcool ou de certaines drogues illicites (par ex. la cocaïne). Dans d'autres cas, les délires sont associés à un sevrage de ces mêmes substances. Ils peuvent également être causés par des maladies dites psychiatriques comme la schizophrénie de type paranoïaque, le trouble schizo-affectif et les troubles psychotiques.

Le trouble délirant

Ce trouble comprend plusieurs types de délire: érotomaniaque, mégalomaniaque, de jalousie, de persécution et somatique. Selon certaines études, l'âge moyen de survenue serait entre quarante et cinquante-cinq ans. La durée de la maladie est variable. Dans certains cas, les idées délirantes ont tendance à être persistantes, mais elles fluctuent en intensité. Dans d'autres cas, elles sont associées à des facteurs stresseurs. Lorsque les stresseurs s'estompent, elles peuvent disparaître sans rechute ultérieure.

L'érotomanie

L'individu ayant ce genre de problème est convaincu qu'une autre personne, souvent une célébrité ou une personne en autorité, est en amour avec lui, même s'il ne l'a jamais rencontrée. Ainsi, il fera l'impossible pour la rencontrer et lui proposer le mariage ou quelque chose du genre.

La mégalomanie

Certains leaders sectaires sont mégalomaniaques. Ils croient qu'ils ont une relation exceptionnelle avec une divinité ou qu'ils sont des êtres supérieurs, alors que cette croyance est le fruit d'un délire. Dans d'autres cas, certains individus croient qu'ils ont un don supérieur ou qu'ils sont capables de prédire l'avenir. Ils ont donc une idée exagérée de leur propre valeur et de leurs pouvoirs.

Les délires de jalousie et de persécution

Croire que son partenaire est infidèle, sans preuve ou avec des preuves aussi farfelues qu'étranges, est parfois le signe d'un trouble de délire. Certaines personnes enregistrent, à l'insu du conjoint, toutes les conversations téléphoniques pour tenter de le prendre en flagrant délit. Quant au délire de persécution, la personne est convaincue qu'elle est poursuivie, espionnée, diffamée, ou encore, que quelqu'un veut l'empoisonner, la contaminer, la congédier et même la tuer. Ce type de délire est potentiellement dangereux parce qu'il peut entraîner un passage à l'acte dans un scénario de légitime défense ou de vengeance.

Les délires somatiques

Ces personnes peuvent croire, par exemple, qu'un corps avec des poils est extrêmement laid et dégoûtant, si bien qu'elles chercheront à éliminer tous leurs poils. D'autres sont très préoccupées par les odeurs dégagées par leur corps. Par exemple, elles ont peur que les autres détectent l'odeur de leurs organes génitaux, de l'anus, de l'haleine, de la peau et de la transpiration. Elles s'engagent dans de multiples interventions pour éliminer toutes les odeurs produites par leur corps. Je me souviens d'un individu qui a subi une dizaine d'interventions chirurgicales au pénis. Au début, le prépuce était trop long, puis pas assez serré, puis trop serré... Et le jet d'urine était trop large, puis pas assez large, ou encore, mal aligné, trop vers la droite ou trop vers la gauche.

Les idées délirantes causent un désarroi important tant à l'individu qu'à son entourage. Et elles sont très difficiles à traiter. Un support pharmacothérapeutique et psychothérapique sont souvent nécessaires pour atténuer les délires.

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Livres suggérés :

  • Lalonde, Pierre, Troubles délirants (paranoïdes) dans Lalonde, Grunberg et coll., Psychiatrie clinique, approche bio-psycho-sociale, Gaëtan Morin Éditeur, 1988.
  • American Psychiatric Association, DSM-IV Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, Masson, 1996 (version américaine 1994).

Préparé par le Dr Michel R. Campbell, psychologue et sexologue

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N.B. Le but de cet article est d'informer le lecteur concernant les caractéristiques associées à une maladie mentale. Seulement un professionnel de la santé, par exemple, un psychiatre ou un psychologue, peut poser un diagnostic après avoir évalué en personne cet individu.