Michel R. Campbell Ph.D.

Membre de l’Ordre des psychologues du Québec

La dépendance au travail

Bien installé sur le bord de la plage, en Acadie, je regardais la mer en pensant à la prochaine rubrique. Ma blonde, d'origine acadienne, me dit: «As-tu trouvé le prochain thème ?» «Non, j'hésite entre deux ou trois thèmes», lui dis-je. Avec un air mi-sérieux mi-moqueur, elle me dit: «Tu pourrais peut-être écrire sur le «Workaholism ?» Hum !!!

La dépendance

En effet, on peut parler de dépendance affective, de dépendance à l'alcool et même de dépendance au travail. Comme les alcooliques, les personnes ayant une dépendance au travail ne peuvent pas s'empêcher de travailler. À ne pas confondre avec les personnes qui travaillent beaucoup d'heures, mais par nécessité. Par exemple, le parent qui occupe deux emplois pour répondre aux besoins de la famille n'a pas nécessairement une dépendance au travail. Par contre, il y a ceux qui sont quasiment incapables de quitter les lieux du travail ou de s'empêcher de travailler, sans quoi, ils sont angoissés.

Les signes

Bien que la dépendance au travail n'est pas un diagnostic en soi, certains signes permettent d'identifier le problème. Les personnes qui s'ennuient en vacances parce qu'elles ne sont pas suffisamment stimulées, qui parlent constamment de leur travail, qui travaillent même quand elles sont malades, qui se sentent coupables de ne pas travailler, qui obtiennent beaucoup de gratifications émotives et psychologiques dans leur travail ou qui ont l'impression que les autres sont incompétents, présentent des signes de dépendance au travail. Ces personnes travaillent souvent plus de 60 heures par semaine.

Lorsque l'autre conjoint se plaint qu'il ou qu'elle travaille trop, la réponse est stéréotypée: «C'est pour toi que je travaille», alors que dans les faits, ils travaillent bien plus pour eux que pour les autres.

Prisonnier du succès

Plusieurs dépendants travaillent à leur compte ou à titre de gestionnaire. Je me souviens d'une dame célibataire qui se cherchait un compagnon de vie: «Je sais ce que je ne veux pas ... un professionnel» «Pourquoi ?», lui dis-je. «Ils sont toujours en train de travailler»

En effet, il est bien connu que les médecins, les avocats, les comptables, etc., peuvent facilement glisser dans l'excès de travail. Dans ces domaines, le succès est souvent mesuré par le nombre d'heures travaillées et par le revenu. Dans le cas des comédiens, écrivains, rédacteurs et compositeurs qui doivent rencontrer des échéanciers, ils peuvent également travailler sans tenir compte des heures. Plusieurs restaurateurs m'ont confié qu'ils travaillaient plus de 80 heures par semaine.

Inévitablement, ces personnes croient que plus ils travailleront, plus ils auront du succès. Le cercle vicieux s'installe: travail égale succès, succès égale estime de soi, travailler de plus en plus pour maintenir le succès et l'estime de soi... Sans s'en apercevoir, ils deviennent prisonniers du succès.

La mort

J'ai constaté que ces individus croient souvent qu'ils vont bientôt mourir, et ils veulent en faire le plus possible avant de décéder. En effet, les dépendants au travail ont tendance à mourir plus jeune que les autres. En général, ils sont plus «stressés» et moins en forme que la moyenne de la population.

Quelques pistes à explorer

Si vous constatez que vous avez une dépendance au travail, je vous suggère de vous questionner sérieusement sur vos objectifs de vie. Vous pouvez également vous interroger sur la notion de succès. Le succès se mesure-t-il par l'argent et les biens personnels ou par le bonheur personnel et familial ? L'insécurité financière et générale est un autre thème qu'il faudra explorer. Vous pouvez également vous interroger sur le lien entre l'estime de soi et le travail. D'autres thèmes sont également à vérifier: le besoin insatiable du pouvoir et les problèmes conjugaux, notamment l'intimité conjugale.

Vous devrez également apprendre à planifier du temps pour faire autre chose que travailler, notamment des activités sociales et sportives. Vous devrez apprendre à retirer du plaisir d'activités passives, comme observer le coucher du soleil, les enfants qui s'amusent, une belle peinture, etc. Le cumul de petits moments agréables est plus efficace que les grands moments isolés pour promouvoir le bonheur.

Préparé par le Dr Michel R. Campbell, psychologue et sexologue

Envoyez un courriel à Michel R. Campbell

Vous êtes ici: Articles Articles variés en psychologie La dépendance au travail