Michel R. Campbell Ph.D.

Membre de l’Ordre des psychologues du Québec

La dysthymie ou le mal de vivre

Jean-Claude s'est présenté à mon bureau en me disant : " Je viens te voir parce que je suis down." Il me racontait qu'il se sentait toujours triste et qu'il éprouvait peu de plaisir à vivre. Il se sentait toujours fatigué et léthargique. Il avait de la difficulté à se concentrer et à dormir. Malgré son état, il ne présentait pas d'idée suicidaire. Son humeur ne fluctuait pas, comme dans le cas de la dépression bipolaire. Par contre, le problème était chronique, c'est-à-dire qu'il était présent depuis des années. Quel problème avait-il ?

La dépression ?

Non. Les symptômes n'étaient pas assez intensifs pour justifier un diagnostic de dépression majeure. Il était quand même fonctionnel au travail et il participait à des activités sociales. Ses collègues de travail avaient l'impression qu'il allait très bien. Il faut dire qu'il lui arrivait souvent de simuler la bonne humeur. Sa vie sexuelle était relativement active, mais insatisfaisante. Il ne présentait aucun signe de ralentissement moteur, c'est-à-dire que les mouvements et les gestes n'étaient pas manifestement lents, comme on peut l'observer chez les personnes dépressives. Aucune augmentation ou perte de poids. En fait, il n'avait jamais vécu de dépression ni d'épuisement professionnel. Il n'avait pas de problème d'alcool ni de drogue.

La dysphorie

Pour Jean-Claude la vie était dysphorique, ou si vous préférez, désagréable. Pourtant, il avait bien réussi au niveau de sa carrière, soit comme comptable agréé senior avec un salaire dans les six chiffres. Par contre, il avait l'impression qu'il était incompétent. , me disait-il en me spécifiant qu'il était nul en comptabilité. Pourtant, son cabinet lui confiait les gros dossiers. Cependant, il avait une piètre estime de soi, en plus de sous-estimer ses compétences. Il consacrait beaucoup de temps à se dénigrer et à se culpabiliser. Il avait également développé une expertise en matière de pessimisme. Par exemple, il avait l'impression que l'économie se détériorait et que nous étions au bord de la faillite sociale. Il faut dire que Jean-Claude m'a consulté à la fin des années 80. Au fait, il y a toujours du monde qui croit que la faillite sociale est imminente !!! Hum !

L'Évaluation psychologique

Jean-Claude présentait les symptômes de ce qu'on appelle la dysthymie, soit un trouble de l'humeur chronique sans fluctuation. Jean-Claude était toujours déprimé sans être dépressif, comme s'il avait le mal de vivre.

Il est estimé qu'au cours de la vie, environ 6 % des personnes présenteront des symptômes de dysthymie. Généralement, les symptômes apparaissent à la fin de l'adolescence ou au début de la vie adulte. Je constate que les dysthymiques ont tendance à consulter lorsqu'ils glissent dans un état de dépression majeure.

L'intervention psychologique

Jean-Claude a bien répondu à l'approche thérapeutique cognitive. Pour les cognitivistes, la dysthymie est un désordre de la pensée et ses symptômes sont les conséquences de l'activation d'un pattern cognitif négatif ou dissonant. D'autres approches thérapeutiques peuvent également donner de bons résultats avec la dysthymie, mais l'approche cognitive est particulièrement efficace avec ce genre de problème.

La thérapie cognitive tente, entre autres, de changer les perceptions qui sont intimement liées aux émotions. Par exemple, on sait que les optimistes ne focalisent pas sur les mêmes choses que les pessimistes. Allons-nous vers un monde meilleur ou pire ? Mon verre est-il à moitié plein ou à moitié vide ? Tout dépend de comment nous analysons notre réalité. Certaines personnes ont la mauvaise habitude «cognitive» de focaliser sur ce qui est angoissant ou insécurisant. D'autres encouragent les monologues intérieurs défaitistes , sans réaliser que cela les affecte.

Dans le cas de Jean-Claude, nous avons détecté plusieurs pensées dissonantes ou dépressogènes. Par exemple : je fais une erreur, cela signifie que je suis stupide et incompétent. En réduisant ses autoverbalisations dépressogènes, les symptômes ont diminué.

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Préparé par le Dr Michel R. Campbell, psychologue et sexologue

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N.B. Le but de cet article est d'informer le lecteur concernant les caractéristiques associées à une maladie mentale. Seulement un professionnel de la santé qualifié peut évaluer ce genre de maladie.

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